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A la découverte du Kankourang

Il existe durant l'hivernage à M’Bour, la grande ville proche de Keur Camape, une célébration particulière qui suscite souvent de nombreuses questions : le Kankourang. Il s’agit d’un rite initiatique historiquement pratiqué en Casamance et en Gambie. Si le Kankourang a vu le jour à Mbour, c'est grâce aux nombreux Mandingues venus du sud du pays qui ont voulu implanter leur culture dans cette localité principalement Sérère.


Ne vous y fiez pas : le Kankourang n'a rien du carnaval européen. Brandissant ses coupecoupes et accompagné de ses fidèles armés de gourdins, il parcourt les rues en terrorisant la population, dansant au son du rythme endiablé du sawrouba, dont les tam-tam mettent souvent en transe les jeunes qui l'entourent. Pendant tout le mois de septembre, ce rite anime la ville de Mbour de jour comme de nuit.

Location villa Nianing Sénégal
Redouté et respecté, le Kankourang

Être mythique présent chez de nombreuses populations en Afrique de l’Ouest, le Kankourang ne laisse personne indifférent et est l’objet d’une grande admiration. Il incarne un personnage très redouté qui fait son apparition au moment de la circoncision des jeunes garçons et a pour rôle de garantir leur sécurité en les protégeant durant leur initiation.


Rite de séparation, de transformation et de désintégration, l’initiation reçue par les jeunes circoncis s’articule sous la forme d’une cérémonie d’enseignement qu’ils reçoivent des anciens et dont ils doivent garder le secret. Basée sur la structure hiérarchique de la société mandingue, elle fait parcourir aux initiés, durant plusieurs semaines de retraite dans le Bois sacré, une série d’épreuves permettant d’évaluer et d’exercer leur capacité à surmonter la peur, la douleur ou encore la solitude. À la fin de son initiation, le « niansun » (circoncis) intègre alors le monde des adultes.


Dans les sociétés mandingues, le Kankourang exerce donc un rôle de régulateur social, gardien des valeurs et des traditions. En 2003, ce rite a été classé au patrimoine culturel immatériel mondial par l’UNESCO. D’autres communautés de la région, telles que les Diola, les Manjack ou encore les Balantes, se sont progressivement approprié ce rite.


Le personnage central du Kankourang est un initié qui porte un masque fait d’écorce et de fibres rouges ; ce rites a généralement lieu entre les mois d’août et de septembre. Le Kankourang parade toujours entouré d’anciens initiés et de villageois qui suivent avec respect ses faits et gestes et l’accompagnent de leurs chants et danses. Ses apparitions sont ponctuées d’une danse saccadée qu’il exécute en maniant deux coupecoupes et en poussant des cris stridents qui lui ont donné son nom (Kankourang signifie « celui qui crie »).


Ses suivants, armés de bâtons et de feuilles de rônier, marquent la cadence de leurs refrains et tambours. Chez les mandingues, le Kankourang est toujours porteur d'une charge magique redoutable pour ceux qui l'animent comme pour ceux qui le voient. Il est à la fois le garant de l’ordre et de la justice et l’exorciste des mauvais esprits. En tant que tel, il assure la transmission et l’enseignement d’un ensemble complexe de savoir-faire et de pratiques qui constituent le fondement de l’identité culturelle mandingue. Ce rituel est aussi l’occasion pour les jeunes circoncis d’apprendre les secrets des plantes et leurs vertus médicinales, des techniques de chasse ou encore les règles de comportement qui garantissent la cohésion du groupe.


Pour en savoir plus sur le rite du Kankourang, on lira avec intérêt le mémoire de Master d’Arts Plastiques de l’Ecole Nationale des Arts du Sénégal soutenu en 2007 par Alphousseyni Diato SEYDI (à retrouver ici) dont sont extraites de nombreuses informations reprises dans cette chronique.

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