Cette avant-dernière journée de notre croisière sur le Sénégal débute par une balade à pieds dans la forêt de Goumel sur les berges du fleuve. L'occasion "à la fraîche" de découvrir la belle campagne des bords de fleuve de la région mais aussi de rencontrer les habitants d'un village peulh traditionnel.
Ces peulhs sont des éleveurs nomades qui reviennent à la saison sur les bords du fleuve pour y trouver les pâtures fraiches pour leurs troupeaux quand l'herbe se fait rare ailleurs. A cette occasion, les femmes peulhs bâtissent dans une clairière des huttes faites de bois et de roseaux noués par des herbes : leur savoir-faire est impressionnant. La saison terminée, ces huttes sont abandonnées jusqu'à la saison suivante. Nous sommes accueillis par ces familles avec une gentillesse touchante. En remerciements, nous achetons les uns et les autres quelques objets artisanaux fabriqués sur place.
De retour sur le bateau, la navigation reprend jusqu'au village de Thiangaye. Tout au long du trajet, nous assistons à des scènes ordinaires de la vie quotidienne des habitants : un jeune qui baigne son cheval dans le fleuve pendant qu'un peu plus loin, les femmes font la lessive et la vaisselle. Un peu plus tard, deux enfants nous saluent depuis la berge. Dans un autre village, trois hommes discutent dans une pirogue. Partout, le fleuve est la source de vie et d'animation : c'est le centre des villages et le passage régulier du Bou, deux fois par semaine durant la saison, rythme la vie des villageois.
Au cours de cette journée, le bateau s'enfonce un peu plus au cœur du Sahel jusqu'à nous mener dans le royaume Toucouleur. Là, nous sommes accueillis par un chef de village étonnant. Contrairement à ce qui se pratique souvent ailleurs, ici le chef est un homme jeune : c'est l'instituteur du village qui nous reçoit à l'entrée du village fait de maisons en terre, sur la berge du fleuve. Il est accompagné d'un des "vieux" du village que nous saluons respectueusement.
Ce jeune enseignant témoigne d'une passion pour son métier qui force chez chacun de nous un profond respect. Dans un dénuement extrême, ce jeune chef de village parle avec force et conviction de sa mission à l'égard des enfants. Il nous explique l'histoire de son village et les spécificités de son peuple. Il faut l'entendre, ce jeune instituteur qui a quitté son village pour partir loin faire ses études universitaires, nous expliquer pourquoi il a choisi de revenir ici dans ce village sans eau courante, électricité ni internet, sans moyens pédagogiques autres que ceux nés de son inventivité et des quelques dons que les visites du Bou El Mogdad génèrent. Je ne suis pas près d'oublier cet enseignant.
Etonnante journée décidemment au royaume toucouleur qui va se terminer par un improbable méchoui pris sur les berges du fleuve, à la lumière des lampes tempête. C'est pour nous l'occasion de saluer ici l'extraordinaire implication et polyvalence de l'ensemble des membres de l'équipage du Bou El Mogdad qui, du soir au matin, se mettent en quatre pour faire de cette croisière un souvenir inoubliable.
Demain, c'est le dernier jour de cette croisière avec notre arrivée à Podor.
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