Un séjour à Nianing ne peut se concevoir sans aller voir le baobab sacré du village. Un baobab sacré ? Comme il y en a tant dans les villages du Sénégal ? Pas tout-à-fait. Celui de Nianing présente des caractéristiques qui en font un lieu assez unique.
Par sa taille d’abord : le périmètre du baobab fait 32 mètres. On dit ici que cet arbre serait vieux de 18 siècles, ce qui fait qu'il serait né à peu près à l’époque où les Huns déferlaient sur l’Europe. Il est tellement imposant qu’on peut y pénétrer à plusieurs et que son tronc abrite plusieurs espaces différents (très appréciés des chauves-souris).
Ce baobab a été le témoin de pratiques sérères ancestrales : c’est dans ce baobab qu’étaient enterrés les griots, entourés de leurs instruments de musique. Il faut préciser qu’à l’époque, les griots étaient considérés comme des êtres de basse classe qui ne méritaient pas d’être enterrés au milieu des autres habitants, de peur de souiller la terre.
Cette affaire-là a duré jusqu’à ce que Léopold Sédar Senghor, sérère lui-même, parvienne à convaincre ses compatriotes un peu avant l'indépendance que les griots ne méritaient pas pareille punition, d’autant que la décomposition des corps sur place favorisait la prolifération des maladies.
Même s'ils ne servent donc plus de résidence éternelle, aujourd’hui encore les baobabs sont entourés de vertus mystiques chez les Sérères : ainsi notre gardien, sérère lui-même, a refusé que nous plantions un baobab dans le jardin de Keur Camape en raison des « djins qui les hantent parfois ». Nous avons donc renoncé au projet… Certains habitants de Nianing d’ailleurs continuent de prêter à leur baobab sacré des vertus particulières de bonne santé ou de fertilité, à condition de respecter un certain nombre de rituels.
Enfin, un tel arbre témoigne de la présence toute proche de l'eau souterraine : voilà pourquoi on trouve souvent des puits à proximité des grands baobabs. J'ai lu quelque part qu'un grand baobab pouvait stocker jusqu'à 140 000 litres d'eau dans son tronc...
Quel qu'en soit le motif, le baobab sacré de Nianing mérite votre visite. Les touristes de passage ne s’y trompent d’ailleurs pas : l’arbre situé un peu au-delà de l’église de Nianing est un lieu d’attraction prisé où plane toujours, dit-on, l’âme des griots.
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