J’ai déjà évoqué dans ce blog la délicieuse remontée du fleuve Sénégal à bord du Bou el Mogdad. Mais si cette croisière remonte le fleuve jusqu’à Podor, le Sénégal lui arrive de bien plus loin. Long de 1800 kilomètres, le Sénégal est en effet le second plus important fleuve d’Afrique de l’Ouest après le Niger.
Né en zone tropicale humide en Guinée (1500 mm de pluie / an), le fleuve achève sa course en zone tropicale sèche (seulement 200 à 250 mm/an). Il traverse ainsi des milieux très divers depuis le haut bassin guinéen situé dans les montagnes du Fouta Djallon qui constituent le véritable « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au delta en amont de Saint Louis. Dans ce long bassin versant vivent environ 3,5 millions de personnes qui tirent l’essentiel de leurs revenus des ressources procurées par le fleuve, intéressant quatre pays : la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Le Haut-Bassin, qui va des sources du fleuve dans le massif guinéen du Fouta-Djalon jusqu’à la confluence entre le fleuve Sénégal et la Falémé́, fournit la quasi-totalité́ des apports en eau car il est situé en zone relativement humide où les précipitations annuelles peuvent atteindre 2 000mm.
La saison des pluies s’y situe entre avril et octobre dans la partie montagneuse de l’extrême sud du Bassin et est à l’origine de la crue annuelle du fleuve qui se répercute en aval entre juillet et octobre. Le fleuve Sénégal est formé par la confluence à Bafoulabé au Mali du Bafing et du Bakoye, deux rivières qui prennent leur source dans le massif du Fouta Djalon en Guinée. Le Bafing, qui assure la moitié des apports du fleuve est considéré́ comme sa branche mère.
Ainsi formé, le fleuve Sénégal reçoit en aval les apports de quelques rivières comme la Kolimbiné puis le Karokoro en rive droite ou encore la Falémé en rive gauche qui est le dernier affluent significatif du Sénégal. Le fleuve forme par endroits la frontière entre le Mali et le Sénégal.
La Vallée, partie médiane du cours du fleuve, traverse ensuite une plaine alluviale encadrée par des régions semi-désertiques. D’une longueur de 785 km, ce tronçon médian a une largeur qui peut faire jusqu’à 25 km entre Bakel et Dagana. La pente du fleuve y est faible, ce qui génère de nombreux méandres. Quelques rares affluents en rive droite viennent rejoindre le fleuve Sénégal, principalement l’Oued-el-Garfa et la rivière Gorgol.
À partir de Dagana, le fleuve Sénégal chemine dans sa partie terminale, le Delta, formé par de multiples bras. Mais il n’y a qu’une seule embouchure située en aval de Saint-Louis, large de 400 à 500 m. Les eaux du fleuve Sénégal longent alors le cordon littoral de la « langue de Barbarie » avant de se jeter dans l’Océan Atlantique.
Dans cette vaste zone complètement plate, le delta est caractérisé par la présence de deux grandes dépressions : le lac Rkiz sur la rive droite, le lac de Guiers et la vallée du Ferlo sur la rive gauche. Ces deux lacs possèdent une capacité de stockage suffisamment importante pour jouer un rôle important de régulation des crues du fleuve Sénégal. Le lac de Guiers est aussi la principale source d’approvisionnement en eau de la région de Dakar/Thiès/M’Bour où se situe Keur Camape.
La partie terminale du fleuve est sous l’influence forte des marées et la pente très faible d’écoulement favorise la propagation amont de la salinité des eaux. Avant la construction du barrage de Diama, la zone du Delta subissait ainsi la remontée des eaux marines en saison sèche, la « langue salée » pouvant remonter sur près de 200 km en amont de Rosso. Après sa construction, le barrage de Diama, à cheval sur la frontière entre Mauritanie et Sénégal, empêche désormais l’accès de l’eau salée dans le cours amont du fleuve, favorisant les activités humaines le long du fleuve et, notamment, les activités agricoles et maraîchères.
Enfin, le fleuve finit son cours à Saint Louis, non sans avoir façonné la morphologie de la ville partagée entre sa partie continentale, l'île au milieu du fleuve et la langue de Barbarie, mince cordon dunaire qui la protège de l'océan. Parties des hauteurs de la Guinée, les eaux du fleuve se mêlent alors à l'océan...
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