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Les religions au Sénégal

Si la République du Sénégal est un État laïc, la société sénégalaise, elle, est très religieuse. Ainsi peut-on résumer la place des religions au Sénégal.

Le Sénégal, un Etat laïc

Ce principe est affirmé dès l'article premier de la Constitution : «La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances».

On notera, au passage, l’influence française chez les constitutionnalistes sénégalais puisque cet article premier ressemble beaucoup à son équivalent français d'octobre 1958. Mais la comparaison s’arrête là en matière de religion. Car la laïcité de la République sénégalaise s’inscrit dans un contexte où, 95% de la population étant musulmane.

Le poids particulier de l'islam au Sénégal

L'islam au Sénégal provient de la branche du soufisme dans laquelle se distinguent plusieurs confréries : les deux principales sont la confrérie des Mourides (fondée par Cheikh Ahmadou Bamba ayant pour ville sainte Touba et comme pèlerinage le « Magal ») et la confrérie des Tidjanes (fondée par El Hadj Malik Sy, ayant pour ville sainte Tivaouane et comme pèlerinage le «Gamou»). Existent également la confrérie Qadiriyya et celle des Layènes, notamment.

Ce poids particulier impacte nécessairement la vie collective et notamment politique, très loin de la vision française de la laïcité. C’est ainsi, par exemple, que pas un candidat à l’élection présidentielle ne ferait la faute d'oublier de se présenter très ostensiblement aux leaders des principales confréries musulmanes du pays.

Il faut dire que la voix de ces guides religieux est très écoutée et leur influence ne se dément pas : lorsque la vie politique s'agite au point de susciter quelques troubles de rue, ce sont ces guides qui ramènent le plus souvent le calme chez les esprits les plus échauffés. Ainsi, on peut dire que la politique du Sénégal est très influencée par cette suprématie de l’islam, un peu comme la religion catholique a longtemps influencé la politique française, il y a seulement quelques décennies.

Autre exemple, celui du sort réservé au Sénégal aux homosexuels. Alors qu'il existe une tradition ancestrale très acceptée d'hommes-femmes (les Goor Jigeen), les textes répressifs contre les pratiques homosexuelles sont clairs : « sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100 000 à 1 500 000 francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe » dit la loi. Certains mouvements religieux radicaux prônent même, en vain pour l'instant, un durcissement de ces textes répressifs.

Mosquée Touba Ndiarem de M'Bour

Autre exemple de la présence de la religion : la journée au Sénégal est rythmée par les appels à la prière. Chaque village, chaque quartier souvent, a sa mosquée, son imam et son haut-parleur qui se manifeste tout au long de la journée au gré des différents appels à la prière. Même si Keur Camape n'a pas de voisinage proche avec une mosquée, ce rituel religieux rythme le fond sonore de nos journées, qui peut étonner le visiteur le premier jour avant que, très vite, cette musique un peu lancinante pour le profane ne s'intègre dans le paysage sonore.

Ainsi qu'on l'a déjà évoqué ici (lire : la belle histoire de l'église de Nianing), il existe à côté de l'islam dominant une minorité à la fois active et respectée dans sa différence : la communauté chrétienne et notamment la communauté catholique. Et au milieu de tout ça, émergent des pratiques individuelles et familiales parfois un peu confuses, où l'orthodoxie ne trouve pas nécessairement son compte, mais où le bon sens et la convivialité du peuple sénégalais règnent en maître : Dieu y reconnait sûrement les siens...


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