Il est venu frapper à la porte de Keur Camape quelques jours après notre arrivée, pour nous proposer du poisson de sa pêche. Nous l'avons suivi jusqu'à la plage et nous lui avons acheté de magnifiques gambas encore frétillantes. Quelques jours plus tard, c'est cette incroyable sole de 55 cm (!) qu'il nous a proposée. Depuis, au gré de ce qu'il ramène dans ses filets, Pierre toque de temps en temps à la porte pour nous proposer son poisson : il est ainsi devenu "notre" pêcheur.
Avec quelques-uns de ses douze enfants, Pierre pêche chaque jour avec sa pirogue "Véronique" fraîchement repeinte : il décrit une grande boucle dans l'océan depuis la page, dévide son filet de 450 mètres et revient vers le sable. Là, avec l'aide de ses enfants, le filet est patiemment remonté vers la plage avec son contenu. Les mouettes et autres oiseaux pêcheurs ne s'y trompent pas et tournoient devant la maison : c'est le signe imparable du retour du pêcheur.
Comme Pierre, ils sont nombreux à Nianing à vivre de la pêche : j'ai compté jusqu'à une cinquantaine de pirogues remontées sur la plage. Si la pêche ne représente qu'à peine plus de 3% du PIB du Sénégal (12% du secteur primaire), à Nianing comme dans la plupart des villages de la petite Côte, elle est une source de revenus majeure pour les habitants : les pêcheurs eux-mêmes d'abord et leurs familles, mais aussi les femmes qui salent et font sécher sardines et mulets au soleil pendant une semaine avant de les vendre sur les marchés alentours. Et autour de la pêche elle-même, c'est tout un artisanat qui dépend de cette activité.
J'ai plaisir à discuter avec Pierre, découvrant la rudesse de son métier, la passion et la science qu'il y met et aussi l'histoire de sa famille, son parcours. Ces rencontres sont devenues un incontournable de nos semaines sénégalaises, et pas seulement pour la qualité de ses poissons.
Nous serons heureux que les clients de notre villa à louer à Nianing puissent, eux aussi, le rencontrer.
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