Je les vois arriver chaque matin à pas lent devant Keur Camape, notre villa à louer à Nianing, avant qu'elles regagnent chacune leur "atelier" : un espace où elles ont déposé le sable qu'elles ont collecté sur la page à coup de seaux.
Là, toute la journée, elles tamisent le sable et trient les coquillages qu'elles en extraient jusqu'à ce qu'une charrette ou, dans les bons jours, un camion vienne leur acheter leur production pour l'incorporer au ciment et produire ainsi ce qu'on appelle ici le "coquillet", une sorte de béton désactivé couleur ocre du plus bel effet pour les terrasses des maisons.
Les femmes aux coquillages de Nianing
Elles, ce sont les femmes de Nianing. Leur activité est éreintante, pliées en deux ou assises en plein soleil, maniant seaux et tamis. Et pourtant, d'un atelier à l'autre, elles s'apostrophent, s'interpellent puis se rassemblent à l'heure de la pause. Emergent alors de beaux rires à gorge déployée : ici, la peine n'interdit pas la joie de vivre, une forme de résilience face à la dureté des temps.
Cette activité est essentielle à la survie des familles : grâce à elle, ces femmes obtiennent un petit revenu de complément indispensable aux besoins du foyer. Agissant en artisanes, sans organisation collective, elles sont tributaires des aléas du marché et du bon vouloir des acheteurs : les revenus tirés de ce travail sont donc très modestes. Mais ils permettent de s'extraire de la plus grande pauvreté et c'est déjà beaucoup.
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